« Je me demande bien comment ils peuvent attirer quelqu’un. La seule chose que j’avais envie de faire, c’était de leurs offrir un relooking et les emmener en virée pour qu’ils découvrent la vraie vie. » Lorsque j’étais en faculté de droit à New York, j’étais entouré par tous ces fils à papa richissimes. Le droit est une branche plus « huppée » que la plupart des autres matières, très certainement parce que les jeunes diplômés se disent qu’ainsi ils peuvent finir notaire, juge ou avocat international comme papa. Ce qui me faisait rire dans tout ça, c’est que la plupart se pointaient à l’université avec le dernier costume Hugo Boss sur le dos, ou bien la petite chemise blanche, le pantalon beige et le pull bleu clair sur les épaules, une coiffure de toquard, des mocassins et un air prétentieux qui se lisait à des kilomètres. Et ces gens qui, de l’extérieur, semblaient si intelligents, s’avéraient être incapables de faire une simple dissertation. Le major de ma classe était tout le contraire de ces gars-là. Je pense qu’il venait effectivement d’une famille très très aisée, mais il ne le faisait pas du tout ressortir. Quant au deuxième… Bah c’était moi. Et moi, à l’époque, je me trimballais dans la faculté avec un jean complètement troué, un t-shirt « Hard Rock Café » et mes lunettes de soleil. J’étais même passé par une petite période punk, où j’avais les cheveux complètement en pétard de couleur rouge et vert… Oui oui, on fait tous des trucs complètement fou et débiles quand on est jeunes, et je n’ai pas échappé à la règle. J’ai toujours adoré le rock, le punk et le métal, et une fois à New York je me disais que je pouvais bien faire ce qui me passait par la tête, ma mère ne serait pas là pour le voir. Je n’ai pas mis longtemps à changer de coupe de cheveux cependant, voyant que je n’attirais que les filles très bizarres… « Le pire étant qu’ils n’ont toujours pas changé ! Il suffit de regarder mes collègues en vacances. Ils ont à peine trente ans et ils s’habillent comme des vieux. » Gourmand moi ? Si peu… Et puis bon, ce n’est pas tellement de ma faute, elle n’avait qu’à pas ramener ce gâteau au chocolat juste devant mon nez. Mon ventre crie famine, et c’est tellement délicieux qu’il faudrait que je sois complètement fou pour m’abstenir d’en manger. Elle non plus d’ailleurs ne compte pas en laisser. « Oui, tu devrais car ce n’est pas souvent. » Je ris, parfaitement conscient du fait qu’en effet ça n’arrive pas souvent. Puis, elle part dans la salle de bain et moi je vais dans la chambre. Je l’attend tranquillement, et souris en la voyant arriver. Elle laisse le fauteuil prêt du lit, ce qui n’est pas plus mal. Depuis le début, on cherchait la meilleure méthode pour me faire monter dessus. La plus rapide, la moins fatiguante pour elle, et la moins dangereuse pour moi. Parce que bon, ce n’est pas que je n’aime pas me casser la gueule mais presque. Et quand je fais tomber le fauteuil avec, c’est catastrophique. « Le carrosse de Monsieur est prêt. » Je relève mon regard vers elle et observe le fauteuil en question. Tout ce que j’espérais c’est que bientôt je n’aurais plus à me déplacer avec ça. Sharly a suffisamment de force pour arriver à me mettre dessus, mais si ça devait durer des années je pense que l’état de son dos ne serait pas génial. Je n’aime pas bien l’idée que ce soit à elle de me porter, ce n’est pas censé se dérouler comme ça. Mais je n’ai pas trop le choix, et je suis bien obligée de la laisser m’aider, sans quoi je mettrais dix ans à monter dessus, et ce n’est même pas dit que j’y arrive au bout du compte. Je lui souris, signe que je suis prêt. Elle me prend dans ses bras, et j’essaye tant bien que mal de l’aider dans sa tâche. Elle a réussi à me mettre dessus sans trop de difficultés, et elle vient s’asseoir sur mes genoux. Elle m’embrasse, et je n’hésite pas à répondre à ce baiser en posant l’une de mes mains sur son visage. Je lui murmure un « merci » à l’oreille avant qu’elle ne se relève. Puis, je me dirige vers la commode et attrape mon portefeuille que je glisse dans ma poche. C’est la seule chose dont je vais avoir besoin pour sortir. « Bon eh bien je crois qu’on peut y aller. » Je remets mes bras au travail et je roule en direction de la porte. Je l’ouvre, laisse passer ma fiancée après qu’elle ait toutes ses affaires avec elle, et sort également. Je ferme la porte à clé derrière nous, fin prêt à partir manger en ville.