« Sueva, prends ton sac, on y va. » C'est la peur au ventre que la jeune mère s'adressa à sa fille. Elles partaient, elles devaient s'enfuir, toutes les deux. Mme Williamsburg était marié au père de son enfant, alors âgée d'une dizaine d'années. Toutes les deux en danger dans cet appartement, elles se précipitaient vers la porte d'entrée, qui cette fois-ci serait une porte de sortie, à jamais. Son sac sur le dos, Avalone était prête à partir, et jeta un dernier coup d'oeil à la pièce. C'était la dernière fois qu'elle respirait cet air là, dans moins de deux jours, elle serait dans un tout autre continent. Sa mère s'agita, et rassembla les deux valises pleines à craquer qu'elle avait du préparer très rapidement. La jeune femme souffla, et regarda autour d'elle, se demandant si elle n'avait rien oublié. De toutes manières, elle n'avait pas le temps de chipoter sur quoi que ce soit, son mari rentrerait d'une minute à l'autre. Faisant passer Avalone devant elle, Mme Williamsburg ouvrit cette fameuse porte qui sonnait comme la liberté, et la claqua, avant de prendre sa fille par la main. Dans l'ascenseur qui les conduirait au rez de chaussée, tout un tas de question traversa l'esprit de la jeune mère. Ce qu'elle faisait était risqué, et les représailles pouvaient être terribles. Elle échangea un regard complice avec la petite fille, à qui elle caressa furtivement le front, puis les joues. « On va y arriver, ma chérie. » Lorsque la porte de l'appareil s'ouvrit, les laisser entrevoir l'extérieur, le cœur des deux blondes se mit à battre la chamade, à un tel point qu'on l'entendait presque. Craignant que qui que ce soit susceptible de prévenir son mari le fasse, Mme Williamsburg pressa le pas, entrainant sa fille avec elle. Elles ressemblaient toutes deux à des futures touristes. Elles prirent un taxi qui les attendait dehors, celui-ci prit ensuite la direction de l'aéroport le plus proche. Quelques semaines plus tôt, la plus vieille des deux filles avait réservé leur place, un jour où elles étaient certaines de pouvoir s'en aller. Un jour où Mr Williamsburg avait des horaires assez prenantes, ainsi ils ne pourraient pas les empêcher de partir. Si elles fuyaient, c'est qu'elle avaient de bonnes raisons. A présent assise sur son siège, Avalone observa sa mère, qui semblait de plus en plus stressée au fur et à mesure que le temps passait. Bien qu'elle était jeune, elle comprenait l'ampleur de la situation, et à quel point ça vie changerait à jamais. Il était à présent temps de décoller, et c'est une fois tous les passagers assis et ceintures attachées que l'avion quitta la piste. Alors que la pression atmosphérique se faisait sentir, celle de la mère et de sa fille s'évaporait peu à peu dans les nuages. Elles l'avaient fait. Désormais, elles n'auraient plus à subir la possessivité, jalousie et violence extrême de leur mari & père. Elles étaient parties pour enfin, commencer une nouvelle vie. Direction les Etats-Unis d'Amérique, en Arizona. Phoenix.

« Ava, tu bouges tes fesses ou bien ? » La brunette s'impatientait, attendant sa meilleure amie qui, depuis plus d'une heure et demi se préparait. Le soir-même, elles sortaient en boîte. De plus, elles avaient rencontré un petit groupe de jeune homme plus tôt, c'est d'ailleurs eux qui leurs avaient donné rendez vous. « Ca va oh ! Ils vont bien nous attendre. De toutes manières ça fait quoi si on les rate ? » Assise, et prête depuis plus d'une vingtaine de minutes, la brunette leva les yeux au ciel. Dieu seul savait à quoi point elle aimait Avalone, mais parfois l'envie de la frapper lui passait par la tête. Il lui arrivait même d'exécuter ses pensées, c'était comme ça entre elles. Toute pimpante, la blondinette se présenta dans le salon, décontractée. Un fin sourire vint s'afficher sur son visage lorsqu'elle croisa le regard de son amie dont la moue avait disparu. « Putain, tu vas me faire la concurrence. » Ava laissa échapper un rire, vint se jeter sur le canapé à côté d'elle. « Mieux, j'explose tous les records. » Elle la taquinait, bien évidemment.  « Mais toi, t'es une pure bombe, bébé. » Joyeuse, elle se leva enfin et prit la jeune demoiselle par la main. Vêtues d'une jupe taille haute et moulante pour l'une, et d'une mini robe ample avec des talons d'une dizaine de centimètres, elles se dirigèrent vers la sortie. Se refaisant une beauté devant le miroir de l'entrée, elles attrapèrent ensuite leurs sac à mains respectifs et se rendirent au lieu de rendez-vous. Une fois sur place, les deux jeune femmes les aperçurent. Essoufflées car elles pensaient être très en retard, elles se calmèrent en respirant bien profondément, elle ne voulait pas qu'ils aient cette image d'elles. Toute en classe, elles vinrent les saluer. Quelques instants plus tard ils se se retrouvèrent dans une discothèque branchée de la ville. Elles s'excusèrent, apparemment une réunion d'urgence de filles devait avoir lieu. Elles prirent donc la direction des toilettes et Avalone s'assit sur le plan de travail, ou un bon nombre de lavabos étaient. « Bon, qu'est-ce qu'il y a ? » La brunette fit les gros yeux, insinuant que son amie faisait exprès de ne rien comprendre. « Tu te fous de moi ou quoi ? Le mec aux yeux claaairs, il te lance des regards ! T'es aveugle ou quoi ? » La jeune femme haussa les sourcils, perplexe. « T'es sérieuse là ? » Elle y croyait peu. De toutes manières, elle n'aurait pu vérifier les dires de la blondinette, étant donné qu'elle faisait peu attention à ces jeunes hommes, sans aucune raison. Maintenant qu'elle était au courant qu'au moins l'un d'eux s'intéressait à elle, peut-être qu'elle passerait à l'action. Mais toujours de manière soft, c'était à lui de venir vers elle et pas le contraire. Une fois ressortie, Avalone prit un air charmeur et timide à la fois et vint s'asseoir aux côté du dit jeune homme aux yeux clairs. Malgré la pénombre et tous les spots de lumière, elle réussit à voir qu'il était plutôt mignon et que ses yeux étaient envoutants. Elle lui sourit, avant de reposer son regard sur la piste de danse, attendant qu'il fasse ou dise quelque chose. « Sueva, c'est ça ? » Elle sourit, il avait brisé le silence. « Apelle-moi Ava. » Il hocha la tête, et posa un verre de tequila qu'il tenait dans sa main, sur le comptoir. « Bien, Ava. Tu danses ? » En vrai gentleman, il se leva et se posa devant la jeune femme , tendant le bras. Elle rit, sous l'effet de l'alcool et accepta volontiers la demande du jeune homme. Après cette soirée, il se recontactèrent et quelques semaines plus tard, commencèrent à sortir ensemble.