1er Janvier 2008
Amaël titubait sur l'asphalte humide. Il pleuvait à torrent et les litres d'alcool qu'il avait ingéré cette nuit-là n'arrangeait en rien la situation.La soirée de la veille lui revenait par flash : vodka, filles, cannabis... Tout ce qu'il savait, c'était qu'il tenait une épouvantable gueule de bois et que le bruit des gouttes de pluie mitraillant la chaussée résonnait dans sa tête comme un marteau-piqueur. Il s'accrocha au portail de sa maison et vit toutes les lumières allumées. A cinq heures du matin. Il entrevit alors la silhouette massive de son père se dessiner derrière les carreaux maculés de gouttelettes de pluie. Il y allait y avoir du sport. Il sortir une flasque de vodka de sa veste et laissa le liquide brulant couler dans sa gorge, laissant derrière lui un sillon d'amertume. Il poussa la lourde porte de chêne de la maison et lança d'un ton ironique à ses parents :
- Je suis rentré ! Nous vous inquiétez pas, je vais bien !
Alors que sa mère demandait à voix basse ce qu'elle avait bien pu faire au ciel pour avoir un fils pareil, son père s'approcha et le poussa contre le mur.
- Putain, mais on peut savoir où t'étais ?
- A une fête. Avec des filles. Il faut croire que le sang d'italien qui coule dans mes veines a pris le contrôle de mon corps. Tu dois comprendre ce que je veux dire ? dit-il avec un air ironique. Il n'était pas sans ignorer les aventures extra-conjugales auxquelles se livraient son père depuis deux nombreux mois. Quand il n'était pas occupé à se défouler sur Amaël ou à sauver les apparences devant le voisinage. Amaël sentit le genoux de son géniteur le frapper violemment dans le ventre. Il se tordit de douleur sous l'assaut du coup, tandis que l'homme l’agrippait par les cheveux, lui redressant violemment la tête pour lui envoyer un grand coup de poing, laissant un filet de sang s'échapper de ses lèvres. Sa mère pleurait en criant qu'il méritait tout ce qui lui arrivait, qu'il était le pire enfant que la terre ai jamais porté et qu'il avait ruiné sa vie.
Lorsque son père en eut fini avec lui, il le jeta dehors, le laissant à moitié-mort sur le bitume. Quand il reprit ses esprits, près d'une heure après, il se leva douloureusement et marcha jusqu'à la maison de XXX, une jeune fille qu'il connaissait depuis l'enfance et qui était au courant de sa situation.
- Tes parents sont là ? demanda le jeune homme d'une voix enrouée.
- Mon Dieu, Amaël ! Il a recommencé ? Entre vite, ils sont à Cabo pour le week end !
Amaël se laissa choir sur le canapé de la jeune fille tandis que celle-ci désinfectait ses blessures.
- Je n'arrive pas à croire qu'il t'ai fait tout ça ! Ton propre père !
- Je devine que ça n'a pas dû lui plaire quand je lui ai annoncé que je quittai le lycée définitivement.
- Quoi ? Mais tu ne peux pas faire ça...
- Crois-moi, je peux, murmura le jeune homme en allumant une cigarette. Ce ne sont pas à ces losers de décider de ma vie.
La jeune fille le regarda en soupirant tandis qu'il exhalait savamment un long filet de fumée. Cela lui rappelait son enfance. Sa première cigarette. A cinq ans, à Florence en Italie, sa ville natale. Il n'avait pris qu'une bouffée avec son meilleur ami, Franscisco et s'était à moitié étouffé. Puis, il avait déménagé à Phoenix. Et il n'avait jamais arrêté de fumer. C'était son échappatoire le plus soft.
- Et tu étais où cette nuit ?
- Je sais pas,dit-il en tirant une nouvelle bouffée de sa cigarette. Mais les filles étaient vraiment canons...
- Quand-est ce que tu vas enfin te reprendre en main ? soupira-t-elle.
Mais Amaël avait déjà sombré dans un profond sommeil, sa cigarette allumée à la main.

Deux ans plus tard
- Ouais, allô ? lança Amaël d'une voix absente tout en avalant cul sec un shot de whisky.
- Amaël ?
Le sang du jeune homme se glaça lorsqu'il reconnut la voix de son père. Il ne se parlait plus depuis maintenant presque deux ans. Il devait y avoir un très bonne raison pour qu'il l'appelle.
- C'est ta mère. Elle est morte cette nuit. Arrêt cardiaque. Et je...
Amaël n'écoutait déjà plus. Il but un autre whisky. Puis encore un, sans se soucier du monologue de son père sur comment il avait tué de fatigue et d’inquiétude sa pauvre mère. Il se contenta de déclarer d'un ton monocorde :
- Tant mieux.
Puis il se dirigea vers son lit où était allongée une sublime jeune femme blonde aux airs de mannequins. Il s'allongea sur elle et l'embrassa dans le cou.
- Hey, Amaël ?
- Oui...
- Amelia.
-Peu importe.
Puis il colla ses lèvres aux siennes et commença à l'embrasser fougueusement. Oubliant son père, sa mère, s'oubliant lui-même...